Organisé par Jacqueline Guittard (UPJV, CERCLL) et Martine Lavaud (Université d'Artois, "Textes et cultures")
Le séminaire est envisagé sous la forme d’un cycle de 6 conférences de 2h chacune, soit 12H organisées alternativement à l’université d’Artois ainsi qu’à l’université d’Amiens. Le suivi en présentiel est privilégié et les doctorants sont invités à se rendre sur place. Néanmoins, en raison de son caractère inter-sites, dans le souci de permettre à tous les conférenciers de participer à notre réflexion au-delà de leur séance d’intervention, un lien ZOOM sera mis à la disposition de tous.
Faut-il définir le roman-photo ? Germé dans le cadre périodique du magazine, cet objet médiatique ne saurait être canonique : à la verticalité du canon fixe s’opposent, en effet, l’hybridité, la transversalité et la géométrie variable des formes journalistiques soumises aux contraintes du lectorat, du temps et de la mise en page, à la promiscuité de la fiction et de l’actualité, du texte et de l’image.
Caractériser le roman-photo revient ainsi à faire l’histoire d’une forme vivante pour, d’une part, comprendre et dater ce qui motive son identification et sa qualification, et d’autre part, lui rendre une diversité que sa réduction au roman sentimental a contribué à occulter. La presse du cœur a certes doté le roman-photo des principales propriétés de la culture de masse, soit l’abondance d’une production à forts tirages, l’abaissement du prix, la stimulation du rapport addictif par le découpage feuilletonnesque, la quête de spectaculaire et, dans une moindre mesure, l’anonymat tendanciel de la production. Mais il convient par ailleurs de prendre en compte des pratiques alternatives que leur originalité n’a pas toujours sauvées de l’oubli, et qui, pourtant, montrent la complexité d’un genre qui n’a cessé, au fil de ses migrations matérielles, esthétiques et socio-culturelles, de se réinventer.
Parmi ces pratiques, la « réécriture photoromanesque » des grands classiques de la littérature, en particulier ceux du 19e siècle (
Les Hauts de Hurlevent, Madame Bovary, Le Capitaine Fracasse, et tant d’autres…) a fait date. Discrètement pourtant. Car ce corpus abondant est aussi étonnant qu’ignoré, ou presque. Et pourtant, il permet de poser, fructueusement, des questions essentielles sur le genre photo-romanesque :
- Comment le définir, relativement au roman textuel traditionnel, au roman dessiné, au ciné-roman, à toutes ces pratiques limitrophes ?
- Comment le situer, historiquement, sociologiquement, axiologiquement, dans l’échelle des valeurs culturelles ? Comment comprendre le caractère intense et éphémère de la rencontre entre le roman-photo et la « grande » littérature ?
- Qu’est-ce que le traitement photoromanesque fait, formellement et sociologiqueemnt, à la littérature patrimoniale ? s’agit-il d’adaptation, de vulgarisation, de récréation… ?
- Quels outils analytiques et théoriques façonner pour s’emparer de cet objet souvent caricaturé, et cependant complexe ?
On compte ainsi, en tentant de répondre à toutes ces questions, éclairer et dépasser les propos de Barthes dans L’Obvie et l’obtus : « leur bêtise me touche » (telle pourrait être une certaine définition du sens obtus) ; il y aurait donc une vérité d’avenir (ou d’un très ancien passé) dans ces formes dérisoires, vulgaires, sottes, dialogiques, de la sous-culture de consommation. »
PROGRAMME (soumis à quelques modifications en fonction de la situation sanitaire)
Les séances débuteront à
14h30 ; les salles seront précisées ultérieurement.
Séance 1 (Université d’Amiens). Vendredi 22 janvier 2021. Séance introductive
sur ZOOM.
Martine Lavaud :
« Le bovarysme photoromanesque »Jacqueline Guittard :
« Le roman-photo : esthétique de l’obtus ».Séance 2 (Université d’Artois, salle I0.05). Vendredi 5 février 2021.
Jan Baetens (Université de Leuven) :
« Le ciné-roman-photo : de la lecture à l'écriture ».
Séance 3 (Université d’Amiens) Vendredi 19 février 2021.
Fabien Gris (Sorbonne Université, CELLF 19-21) : Roman-photo et cinéma. (titre à repréciser)
Séance 4 (Université d’Artois, salle I0.05). Vendredi 19 mars 2021.
Magali Nachtergael (Université Bordeaux-Montaigne) : «
Roman-photo et dévoiement littéraire » Benoît Peeters (Université de Lancaster) :
« Du Nouveau Roman au roman-photo ».
Séance 5 (Université d’Amiens). Vendredi 23 avril 2021
Danièle Méaux (Université de Saint-Étienne) : titre à préciser
Séance 6 (Université d’Artois, salle I0.05). Vendredi 28 mai 2021
Conclusion, par Jacqueline Guittard et Martine Lavaud